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D’où , le plus tenace des sentiments humains , l’affection de la famille , avec ses joies , ses tristesses , ses douleurs ! Les urnes étaient enterrées à une profondeur qui atteignait rarement 1 mètre 50 centimètres et qui variait le plus souvent entre 0m 20 et 0m 70. Nous n’en avons jamais vu plus de trois superposées . Certains tumulus n’en renfermaient qu’une seule . D’autres en contenaient jusqu’à cinquante . Chacun de ceux – ci était sans doute une sépulture de famille ou le champ de repos de tous les clients d’un même chef . Quand un tertre ne renferme qu’une seule urne , ce qui est rare , elle est ordinairement placée à quelques centimètres au sud – est du centre . Dans ceux où l’on en trouve plusieurs , elles sont plus nombreuses sur le côté de la butte qui regarde le sud – est que sur les autres côtés . Elles sont généralement revêtues d’une couleur noire . Quelques – unes sont grises ; d’autres , en plus petit nombre , rougeâtres . Le noir paraît avoir été adopté , dans la région pyrénéenne , comme couleur de deuil , pour les vases funéraires , dès l’époque néolithique . Ceux des allées couvertes de Bartres et de Ger sont ordinairement enduits de noir . Parmi les urnes d’Avezac , les plus élégantes ont peut – être été faites pour recevoir la cendre des morts ( Pl . XVI , fig . 3 ) . Les autres , en bien plus grand nombre , semblent avoir été empruntées à la vaisselle usuelle . Les pauvres prenaient un vase quelconque dans la maison du défunt pour y mettre sa poussière . Ils ne le teignaient même pas toujours , ou du moins , s’ils le teignaient , la couleur employée a rarement laissé une trace . Les urnes sont de formes très variées : elles se composent ordinairement d’une panse arrondie et d’un col plus étroit que la saillie de la panse ( Pl . XVII , fig . 1 et 3 ) . Il en est qui manquent de col et dont l’ouverture est en retrait , sans être surélevée ( Pl . XXIII , fig . 3 ) ; d’autres ont un pied comme les vases d’ornement ( Pl . XXIII , fig . 5 ) ; d’autres , munies d’une anse , ressemblent à une tasse ( Pl . XVIII , fig . 3 ) ; quelques – unes pourraient passer pour des pots à fleurs ( Pl . XXVI , fig . 5 ) . Les vases qui servaient de couvercles aux urnes étaient des écuelles profondes ( Pl . XVIII , fig . 6 ) , parmi lesquelles on en voit qui ressemblent à des bols ( Pl . XVIII , fig . 2 ) et à des saladiers , quoiqu’elles manquent parfois de pied ( Pl . XXIII , fig . 1 ) . Ces écuelles ont souvent une petite anse percée d’un trou qui permettait de les suspendre ( Pl . XXIV , fig . 5 ) . Elles n’avaient pas le privilège exclusif de recouvrir les urnes funéraires ; elles étaient quelquefois remplacées par une pierre schisteuse ( Pl . XXVIII , fig . 4 ) ou par un simple tesson . Toutes ces poteries ont été faites à la main . Elles sont mal cuites et , partant , très fragiles . La pâte en est noirâtre ou rougeâtre , avec des points blancs ; quelquefois elle est grise ou rouge et d’un grain plus fin . L’ouvrier les façonnait en trois parties qui se séparent assez facilement l’une de l’autre , surtout quand elles ont subi les secousses réitérées d’un