-8-
des rites funéraires en usage à l’époque où l’on a formé la nécropole d’Avezac . Lorsqu’une personne de qualité ou un chef de famille mourait , on commençait par élever un tumulus . C’est le plus souvent une simple butte de terre . On laissait au sommet une plate forme sur laquelle était dressé le bûcher . On y transportait le mort paré de ses bijoux et muni de ses armes ; après quoi , on mettait le feu ; puis , quand tout était consumé , on recueillait les débris des os calcinés et les cendres du mort et l’on déposait le tout dans une urne , avec les bijoux qui n’avaient pas été entièrement fondus . L’urne était recouverte d’un autre vase , et l’on enlaçait autour d’elle les armes tordues par le feu et non encore refroidies . On peut voir , sur l’une des planches qui accompagnent cette notice , une urne ainsi entourée des armes du défunt ( Pl . II ) . La lance a été enroulée sur elle – même et ressemble à une crosse d’évêque ; l’épée a été également enroulée , et une arme de jet fait le tour de l’urne . Lorsque la cendre et les restes de ce qui avait appartenu au défunt avaient été ainsi rassemblés , on plaçait l’urne sur la couche de charbons laissée par le bûcher , ou on l’enterrait à côté ; puis on apportait de nouveau de la terre sur le tumulus , et on terminait sa construction . Nous avons souvent constaté , dans les tumulus qui n’ont pas été trop bouleversés par les inhumations postérieures , la trace du bûcher : c’est une couche lenticulaire de cendre et de charbon ayant plusieurs mètres de largeur et quelques centimètres d’épaisseur . On la rencontre à des profondeurs variables ( généralement à 1 mètre ou 1 mètre 50 centi mètres ) . Cette couche est encore très visible dans un tertre que l’on a entamé pour faire les talus du chemin de Labarthe aux Baronnies . Elle a 4 centimètres d’épaisseur , 3 mètres 60 centimètres de diamètre , et se trouve à une profondeur de 1 mètre 23 centimètres . Parmi les tumulus que nous avons fouillés , celui où le bûcher a laissé la trace la plus considérable est le troisième du grand alignement à partir du menhir . La couche de cendre et de charbon y est à 1 mètre 40 de profondeur ; elle a 5 mètres de diamètre et 6 centi mètres d’épaisseur . Nous y avons recueilli des lingots de bronze provenant des bijoux fondus , un gros bouton de bronze ( Pl . XIII , fig . 2 ) et une amulette de pierre triangulaire ( PI . XIV , fig . 7 ) . Les débris d’ossements calcinés y sont en telle quantité , qu’on devait y avoir brûlé en même temps plusieurs cadavres humains , ou un seul cadavre avec des animaux . Quelques tumulus renferment plusieurs lits de cendre superposés , séparés par une couche de terre , preuve évidente qu’à différentes reprises , des morts y ont été apportés , puis incinérés , et que les hommes qui ont élevé le bûcher pour les derniers , ont respecté la trace du bûcher des premiers , sans doute parce que tous ces morts étaient de la même famille , et que l’on avait encore souvenir de la profondeur à laquelle se trouvait la plate forme d’incinération des plus anciens .