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Des travaux et des jours à Avezac

La structure foncière et sociale d’Avezac ajoute à la rudesse des conditions de vie du plus grand nombre et le contraint à se tourner vers un ailleurs pourvoyeur de travail et de pain, au prix d’une activité saisonnière ou d’un départ définitif ; ces remues d’hommes sont la manifestation la plus visible de l’intégration de la communauté à une société plus complexe, que rappellent aussi les impôts exigés par les États et le poids local de quelques décisions prises par une monarchie qui pense en des lieux bien éloignés de ce terroir au pied des Pyrénées. Les notes que le médecin Picqué prit jusqu’à son dernier souffle pourraient aussi nous entraîner sur la voie de l’histoire et des sciences, car, dues à la présence dans un village ordinaire d’un disciple d’Hippocrate curieux et travailleur, puis parvenues à la société royale de médecine  par l’intervention d’un frère dévoué et conservées sans heurt grâce à la pérennité d’une institution, qui a survécu à tous les régimes.

Des maisons à côté de l’église…
Elles forment le premier espace vécu au quotidien. Elles sont pour la plupart toutes petites et à deux chambres au plus et d’une facture fort modeste: la paille règne sur la majorité des toits. Les murs sont en pierre et torchis ( le bart) . La demeure des plus aisés possède une couverture en ardoise et des ouvertures encadrées de beau marbre. Sur leur sol intérieur, quelquefois pavé de pierres plates, assez communes ici et le plus souvent sans pavé ni plancher, ou s’organise une intense vie autour d’une grande cheminée.Dans les alentours immédiats quelques dépendances, granges et surtout le jardin viennent renforcer l’importance de cette unité sociale de base.

Quelques monuments…
     Ils expriment le caractère du village; Le château ou vieille tour qui domine le village depuis le XIIIe siècle s’impose aux regards; la demeure du seigneur des lieu qui y résidait  lors de son passage quand il venait prélever les impôts (la dime ) se trouve en contre-bas, remarquable par son architecture et fenêtres à meneaux.
A un jet de pierre à l’Est , l’église paroissiale se trouve au cœur de la vie villageoise : le culte y est célébré par le pasteur commun, un homme aimable qui remplit ses devoirs avec toute l’application et le soin possibles.

Au pied de la montagne…
L’altitude moyenne du village es de six cent cinquante mètres avec un relief accidenté. Le territoire d’Avezac comprend dans son enceinte sept collines dénommées coteaux par les villageois. Non loin (une ou deux lieues environ) ce pays montueux et d’un abord difficile, voisinent de vraies montagnes qui cachent dans les nues leurs cimes toujours couvertes de neige.
Le climat se trouve fortement lié au site du village, exposé à des vicissitudes fréquentes de froid et de chaud : sécheresse dès février 1778, pluies abondantes, neige en avril suivie de fortes gelées comme en plein hiver. Les vents d’Ouest (océan) et du Sud (autan) fournissent des pluies abondantes qui en s’abattant sur les terres toutes en forte pente, emportent l’humus laissant l’ardoise ou le roc à découvert, tandis que les orages assez fréquents en été s’accompagnent parfois d’une mitraille de grêlons dévastatrice comme en septembre 1780.

Plus de cinquante petites source, disséminées sur le territoire du village, donnent naissance à des ruisseaux dont les plus importants son celui de La Hitte et l’Avezaguet aux crues parfois  subites; l’eau qu’elles dispensent est employée à l’usage des hommes et des bêtes. Ceux qui habitent certains quartiers boivent une eau plus légère et plus pure que les autres sans qu’il n’y paraisse produire une grande différence sur leur santé. Néanmoins certaines croyances aux contours flous témoignent de l’angoisse de la soif lorsque au cœur de l’été, le débit des source se réduit.
Une grande partie du terroir est occupée par des terres incultes: vastes landes, grands bois de chênes, quelques hêtres, un peu de châtaigner par endroits.Ainsi la surface culte est limitée à quatre cent soixante-quinze hectares dont la plupart sont entre les mains de quatorze grands tenanciers, les autres (cent quarante et un) se partagent le reste, des terres pauvres pour la plupart; soit deux cent quarante ares par maison soit: un journal de nos jours).

Produire avec le milieu.
   L’exploitation de l’inculte tient une place essentielle dans le système pastoral: le parcours sur des landes maigres et stériles où l’on ne trouve que des bruyères et de la fougère entremêlées de quelque peu d’herbe offre aux animaux une triste nourriture qui suffit à peine à les sustenter mais sans laquelle il serait impossible de pourvoir à leur entretien et la fauche de la bruyère procure la litière qui est transformée par les animaux en un précieux fumier qui sert à engraisser les prairies rendues nécessaires par la rareté des prés d’eau (irrigables) réservés à la production de foin.
Les bois fournissent le chauffage aux habitants et la glandée pour l’alimentation du cheptel. La laine des petits troupeaux de moutons ne forme pas une branche de commerce parce que chaque famille est en peine d’en avoir suffisamment pour son usage. La vente de quelques têtes de bétail et le travail saisonnier en dehors du village, sont les seuls moyens pour le plus grand nombre, d’acquérir le numéraire indispensable pour défrayer le bien des charges réelles et se procurer es choses nécessaires à ses besoins.
       Recueilli sur la Revue du Comminge.

 

 

 

 

 

                                                                                     

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